Éric Bonheur au « Triple 8 » :un concert de jazz exceptionnel

 Éric Bonheur au « Triple 8 » :un concert de jazz exceptionnel

Ce mardi 6 février, comme tous les mardis, le « Triple 8 » a accueilli le guitariste de jazz martiniquais Éric Bonheur pour un concert unique.

D’abord, l’espace du « Triple 8 » est l’un des plus beaux espaces d’accueil dans la Caraïbe pour ce type d’événement : un immense espace ouvert, une décoration très agréable, une scène ouverte et très bien placée, un très grand parking surveillé, un accueil courtois. Bref, l’endroit est, pour l’instant, idéal en termes d’infrastructures pour accueillir ce type de manifestation. Espérons que cela dure, c’est notre souhait le plus cher.

Éric Bonheur a pourtant dépassé les limites et nous a offert un instant musical de classe mondiale, et je pèse mes mots. Habitué en tant que spectateur, des festivals de jazz dans quelques endroits sur la planète, je peux affirmer que ce concert avait sa place à Vienne, Curaçao, Montréal, Los Angeles, Caracas, Johannesburg.

Un répertoire exceptionnel tiré de ses compositions. Éric Bonheur a étudié la musique à l’American School of Modern Music, située au 117 rue de la Croix Nivert dans le 15ème arrondissement de Paris en France.

Institution parisienne depuis plus de 40 ans, l’American School of Modern Music est une école de musique de haut niveau qui répond aux exigences du milieu musical actuel. Elle forme des professionnels dans tous les métiers de la musique en s’inspirant des méthodes de travail et des programmes d’études des meilleures universités américaines.

L’American School of Modern Music se distingue de l’approche traditionnelle du conservatoire et des écoles de musique françaises en s’inspirant du modèle universitaire américain. Voilà qui explique en partie ses sources d’inspiration et ses qualités techniques. D’ailleurs, une des compositions d’Eric Bonheur s’intitule « 117 rue de la Croix Nivert ».

Éric Bonheur nous a gratifiés d’une technique musicale complexe que les spécialistes appellent « musique modale ». Pour les non-initiés, un morceau de jazz modal contient souvent trois ou quatre accords, rarement plus, qui s’apparentent aux modes (types de gammes caractéristiques), ce qui permet à l’improvisateur une extraordinaire liberté d’expression et un jeu « out », c’est-à-dire en dehors de la tonalité de référence. Cette technique est souvent très appréciée. En effet, Éric Bonheur, dans une parfaite maîtrise des sonorités que lui offre son matériel, nous a offert des lignes d’improvisations dignes d’un de ses maîtres, Pat Metheny. En effet, il régnait dans ce concert une ambiance de mélange de Pat Metheny et d’Al Di Meola. Bravo Monsieur Éric Bonheur !

Éric Bonheur est aussi un homme d’une grande humilité et d’une générosité sans limite. Il a pris grand soin de ses amis musiciens présents. Accompagné de Dominique Bougrainville à la batterie, Alex Bernard à la basse, Dominique Berose aux claviers et Daniel Ajoup aux percussions, il a invité au partage musical les saxophonistes François Luther, Jean-Philippe Meyniac et Éric Terrier, ainsi que le trompettiste Alain Raveau.

Éric Bonheur, qui vit en ce moment en Guyane, nous a rappelé que son souffle de vie reste en Martinique. Le public très nombreux lui a réservé un accueil chaleureux.

La musique étant aussi faite de bémols, soulignons la performance perfectible de l’ingénieur du son : les retours des saxophonistes étaient parfois inaudibles, l’improvisation de Luther François en façade était inaudible, et la voix d’Éric était également inaudible par moments. Mais cela n’a pas trop gâché la qualité globale du rendu.

Par ailleurs, interrogé sur les aides publiques pour faire la promotion des musiciens martiniquais de jazz et l’expression du jazz en live en Martinique, un des responsables des lieux m’a répondu en substance : Nous ne sommes pas aidés pour permettre aux musiciens de jazz de s’exprimer.

Tant mieux, cela nous évitera la récupération politique, cependant nous devons tous soutenir ces mardis du jazz en Martinique, au « Triple 8 ».

Jeff Lafontaine

1 Comment

  • Nos élus devraient s’intéresser beaucoup plus àl la culture de leur pays

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